mardi 1 décembre 2015

Le Cri de la victoire (Raoul Walsh, 1955)

Avec un titre pareil, j'imaginais un film de guerre sur le front Pacifique, plein de fureur et de batailles. Il n'en est rien, ou plutôt, Le Cri de la victoire se passe bien pendant la guerre, commençant son récit en octobre 1942, mais le conflit mondial serre de cadre à diverses romances entre des soldats de l'US Marine et de jeunes et jolies femmes rencontrées au gré des affectations. Une belle bluette signée Raoul Walsh, extrêmement agréable et rondement menée, mais une bluette tout de même. Ces Marine viennent de tous les coins des Etats-Unis, engagés dans ce corps si fier, ils font route vers San Diego dans le sud de la Californie. Leur rencontre se fait dans un train qui les y conduit. Tous les types des Américains sont représentés.

Marion (John Lupton) est l'intello, puisqu'il porte des lunettes et passe son temps à lire (son prénom est-il un discret hommage à John Wayne ou une petite moquerie?). Joseph (Perry Lopez) est le latino, franchement roublard et bagarreur. L.Q. Jones (Justus E. McQueen) est la plaisantin du groupe (l'acteur prendra pour ses films suivants comme pseudonyme le nom de son personnage). Ski (William Campbell) est le déprimé de la troupe, incapable de se trouver sa place dans l'armée. Deux Navajo (Felix Noriego et Jonas Applegarth) sont dans le train, ils aideront à transmettre des messages codés pour que l'ennemi ne les comprenne pas. Chacun aura sa saynète où il pourra déployer son personnage.

Raoul Walsh concentre son récit sur deux autres Marine. Andy (Aldo Ray) est un bûcheron de l'état de Washington (pas la capitale comme il dit). Un bon gars un peu rustre, toujours prêt de donner du poing quand on le taquine et un dragueur invétéré. Il va tomber, en escale en Nouvelle Zélande, sous le charme d'une ravissante veuve, Pat Rogers (Nancy Olson). Andy se lie d'amitié avec Danny (Tab Hunter), le beau gosse qui quitte sa fiancée de Baltimore, avant de tomber amoureux, un peu par dépit, d'une femme plus âgée et délaissée par son époux soldat. Sa liaison avec Elaine (Dorothy Malone) provoque un dilemme pour Danny et seme le trouble dans la compagnie. Il reprendra ses esprits lors d'une permission et renouera avec Kathy (Mona Freeman).

Entre les scènes de bluette, Raoul Walsh montre la vie dans la caserne. Le film est narré en voix off par Mac (James Whitmore), chef de l'escouade. On découvre les premiers jours où les recrues s'entraînent, apprennent à manier leurs armes et les radios, car ce sont des Marine spécialisés dans la communication par radio. Pas facile pour Raoul Walsh, qui n'aime comme personne mettre en scène le mouvement, de filmer ces éléments que sont les ondes radio. Ce sera l'attente d'une bataille, la frustration de ne pas entrer dans le combat et les à-côtés de la guerre dans le Pacifique qui seront mis en avant. Mac doit sans cesse remonter le moral des ses hommes et régler les conflits entre eux, Joseph qui arnaque les autres, Marion qui tombe amoureux d'un call-girl, Ski qui veut mourir.

A chaque changement d'affectation, les Marine pensent enfin se lancer dans la bataille, et le spectateur admirateur du cinéma de Raoul Walsh aussi. Le cinéaste fait longuement durer l'attente. Il se met dans la position du commandant Huxley (Van Heflin) qui doit se contenter d'envoyer les troupes dans les îles du Pacifique « nettoyer » les zones, c'est-à-dire faire prisonniers les soldats japonais. Quand le général en chef (comprendre les producteurs) acceptent que l'escouade d'Huxley et Mac se battent pour libérer l'île de Saipan, il reste à peine un quart d'heure de film. Ça valait le coup d'attendre car la bataille est pleine de fureur et de suspense. On tremble pour Andy et Danny, vont-ils réussir à épouser Pat et Kathy à l'issue de ce combat meurtrier ? Une bien belle bluette de Raoul Walsh.














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