mercredi 16 décembre 2015

La Vie très privée de Monsieur Sim (Michel Leclerc, 2015)

Cet été, je n'avais pas du tout aimé Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi scénarisé par elle-même et Michel Leclerc. Six mois plus tard, j'ai bien aimé La Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc scénarisé par lui-même et Baya Kasmi. Jean-Pierre Bacri qui incarne ce Sim (rien à voir avec une biographie de l'acteur, évidemment), François de son prénom est un fâcheux, un ennuyeux, l'un de ses hommes que l'on n'a jamais envie d'écouter débiter ses histoires banales quand il vient s'incruster à côté de vous. Bacri n'est plus un râleur comme chez Jaoui, mais un homme sans histoire.

Pas facile de faire un film sur un homme sans histoire mais qui passe quand même son temps à la raconter. Il a divorcé de sa femme, son père habite au fin fonds de l'Italie, il n'a plus de boulot et aucun ami. Le vide intégrale, l'ennui total. C'est un personnage en constant transit et à la recherche de personnes errant comme lui dans des lieux sans personnalité : les cantines d'entreprise, les zones commerciales, les halls d'aéroport. François Sim n'est jamais chez lui et va passer les trois quarts du film dans sa voiture électrique, aseptisée au possible, sans bruit et sans personnalité.

Il rencontre Poppy (Vilama Pons), une jeune femme qu'il pense pouvoir séduire (la scène où il se rend compte de sa méprise est superbe et à contre-courante). Elle va lui présenter son oncle Samuel (Mathieu Amalric) passionné par l'histoire d'un navigateur solitaire. Cette solitude, Sim la vit dans son nouveau boulot, VRP pour des brosses à dents bio, où sa seule compagnie est la voix féminine de son GPS. Il décide de l'appeler Emmanuelle et discute avec elle. Au moins, dans ces moments où il conduit, Sim peut raconter tout ce qu'il veut sans qu'elle ne s'ennuie.

L'histoire de François Sim est banale, mais celle de son père est des plus romanesques. De retour dans la maison natale, il va lire le « roman » qu'a écrit son père, véritable confession intime (jouée en flash-back par Félix Moati et Vincent Lacoste) qui refonde son propre passé et récrit ses souvenirs (d'autres flash-backs) sous un jour nouveau. Le calme du film et la précision du jeu de Jean-Pierre Bacri (qui déclame certaines de ses répliques avec un naturel déconcertant) permettent de faire passer ces révélations avec sérénité et tiennent la corde jusqu'au bout.

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