lundi 28 décembre 2015

Casanova '70 (Mario Monicelli, 1965)

Dans Casanova '70, Mario Monicelli imagine ce qui arriverait si la figure du célèbre séducteur de femmes en venait à ne plus pouvoir jouir, à être impuissant. Et c'est bien entendu le séducteur numéro du cinéma italien de l'époque que le cinéaste convoque pour incarner son Casanova. Marcello Mastroianni sera donc cet Andrea de l'Italie de 1965, métaphore du séducteur (le film ne sera pas une adaptation de la vie de Casanova contrairement aux versions géniales de Luigi Comencini en 1969 ou de Federico Fellini en 1976), il ne sera pas non plus ces versions modernisées des grands romans (Les Liaisons dangereuses de Roger Vadim en 1960). Le film en forme de sketches n'est pas la plus grande réussite de Monicelli, mais certaines parties veulent le coup d’œil.

Marcello Mastroinanni est un homme dépassé par sa libido. Andrea est un officier de l'OTAN qui va de caserne en caserne, de ville en ville et de pays en pays pour contrôler la bonne marche des armées. Et le proverbe, une femme dans chaque port, s'applique à la vie d'Andrea. Mais il est épuisé par son travail, ce qui se ressent dans son lit. Conséquence de aventures nombreuses, il lui faut mettre en scène ses ébats pour pouvoir en profiter (il feint de cambrioler l'appartement de sa belle). Ce qui l'excite et lui provoque une érection, c'est se mettre en danger. C'est ce qu'il raconte à son psy, un médecin pop à la sauce hippie version hindouisme, petite moquerie sur la mode dans l'air du temps. Un médecin (Bernard Blier) lui avait d'abord dit qu'il est impuissant, ce que Andrea, tout comme ses maîtresses ne pouvaient croire.

Le film est ainsi la narration de ces histoires où Andrea ne veut séduire que les femmes où les risques que le mari les surprenne soient importants, qu'ils soient vus en public, que la femme soit dangereuse. Ainsi Andrea fait l'amour avec une Sicilienne (sa famille est rigoureuse), avec une femme qui porte la poisse, une femme issue d'une famille de bigots ou encore une épouse mariée à un homme très jaloux. La durée de sketches varie et les qualités d'humour ne sont pas égales. Chaque fois, Monicelli teste un ton et un registre différent. Mastroianni avec son petit air d'enfant sage est épatant, ses diverses partenaires ne sont pas toutes à sa hauteur. Le film est truffé de miroirs et de reflets pour bien montrer le niveau de narcissisme d'Andrea. Tout ce beau monde se retrouve à la fin pour faire le procès symbolique de ce macho des temps modernes.










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