samedi 14 novembre 2015

Out 1 Noli me tangere, Premier épisode : De Lili à Thomas (Jacques Rivette, 1971)


 
Ce premier épisode de Out 1 titré De Lili à Thomas est consacré aux deux troupes de théâtre. Troupes, le mot est sans doute trop fort. Ils sont cinq d'un côté, six de l'autre. Tout commence par cinq culs en l'air qui vont se dandiner sur une musique composée de percussions. Lili (Michèle Moretti) est accompagnée de deux hommes et deux femmes. Ils se lèvent, tournent en rond, fond des mouvements comme s'ils faisaient une séance de gym. Lili, nœud sur sa chevelure rousse, est pleine d'autorité. Quentin (Pierre Baillot) est un type jovial qui prend régulièrement le relais pour diriger la troupe. Nicolas (Marcel Bozonnet) est plus timide, il porte une tenue hippie. Marie (Hermine Karagheuz) fait petite fille, elle tricote dès qu'elle le peut. Enfin, Elaine (Karen Puig) est la musicienne du groupe.

La troupe de Thomas (Michael Londasle) est composée de quatre femmes et d'un autre homme. Béatrice (Edwine Moatti) est la plus proche de Thomas, c'est avec elle que les scènes commencent tandis que Achille (Sylvain Corthay), Bergamotte (Bernadette Onfroy), Rose (Christine Corthay) et Faune (Monique Clément) observent avant d'entrer de plein pied dans la transe. Dans le groupe de Thomas, il ne s'agit pas tout à fait de répétition. Le groupe semble vouloir entrer en transe de manière très répétitive, jusqu'à l'ennui et l'épuisement du spectateur. La caméra de Jacques Rivette effleure les corps tandis que les râles des acteurs emplissent le son, les mains touchent les visages, retournent les corps, dans un mouvement animal quasi bestial.

Chacune des deux troupes est censé adapter une œuvre d'Eschyle. Celle de Lili a dans les mains Les Sept contre Thèbes, ils lisent des extraits, mais apprennent aussi à crier sans avoir à chanter. Celle de Thomas réinvente Prométhée enchaîné, dès qu'ils se sentent trop près du texte, Thomas affirme que « ça fait théâtre ». Ce dernier et Lili fuient donc les habitudes narratives, tout comme Jacques Rivette. On n'entend d'ailleurs pas un seul mot pendant la première moitié de l'épisode. C'est sans doute pour cela que Jean-Pierre Léaud joue un sourd-muet qui vient harceler les clients d'un café huppé pour mendier en jouant, terriblement faux, de l'harmonica. Avec les quelques scènes avec Juliet Berto, aussi dans un café, ces courtes séquences sont les seules qui sortent (à peine) des sous-sols où jouent les troupes. A suivre...

Les captures d'écran sont issues du DVD édité par Carlotta.









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