vendredi 30 octobre 2015

The Walk (Robert Zemeckis, 2015)

L'idéal serait de rentrer dans The Walk au bout de 45 minutes, à partir du moment où Philippe Petit (Joseph Gordon-Levitt) arrive à New York pour accomplir ce que le funambule français appelle son « coup » (en français dans le texte). Si vous arrivez dès le début du film, vous devrez subir la longue présentation des personnages. D'abord Philippe Petit qui s'adresse au spectateur du haut de la flamme de la statue de la Liberté, en regard caméra. Robert Zemeckis avait déjà lancé Forrest Gump de cette manière, avec son protagoniste éponyme comme narrateur omniscient.

Joseph Gordon-Levitt joue un Français et parle donc français quand le film commence puisqu'il vit à Paris. Paris de 1973 est filmé en noir et blanc avec force reconstitution de l'époque, 2CV et 4L roulent dans les rues pavées sur une chanson de Claude François ou de Johnny Hallyday. L'acteur a un léger accent américain, forcément, aussi peu naturel que son accent français quand il parle anglais. Au bout d'un moment, les couleurs reviennent à Paris et Philippe Petit parle anglais car il veut se faire passer pour un new-yorkais.

On rencontre ses futurs complices pour son projet fou : traverser les 43 mètres qui séparent les deux tours jumelles à 420 mètres d'altitude. D'abord son mentor, le patron d'un cirque (Ben Kingsley, même souci d'accent français) qui lui apprend les techniques du funambule. Puis Annie (Charlotte Le Bon) qui deviendra sa chérie, Jean-Louis (Clément Sibony) qui sera son photographe officiel (et pourtant on ne verra aucune image de l'époque, pas même dans le générique de fin) et aussi Jean-François (César Domboy), un prof de maths, utile pour calculer la juste tension des câbles.

Il aurait suffi de vingt bonnes minutes pour la partie française qui nage dans un romantisme cucul la praline assez fastidieux. Ainsi quand The Walk démarre vraiment, à New York, on se réveille. La préparation pour installer les câbles entre les tours jumelles est mise en scène comme dans un film de braquage. Petit va surveiller les allers et venues des gardiens, des ouvriers (l'un des tours est encore en construction), il va imaginer théoriser comment monter jusqu'au 101ème étage et comment tendre relier, sans se faire choper, les câbles.

Cette partie à l'humour diffus où les futurs complices de Philippe Petit doutent de la santé mentale du héros, est suivie par la traversée filmée en temps réel. On a beau savoir que tout est filmé en effets spéciaux et connaître l'issue de ce voyage, on tremble de tous nos sangs. Le vertige nous prend soudain, on est quelques minutes Philippe Petit. La magie numérique et la 3D opèrent à merveille. Le film s'achève avec une assertion sur le rêve américain : le funambule a donné son âme à ces tours que les habitants de New York détestaient jusque là. Le rêve américain, Robert Zemeckis ne va pas se refaire.

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