vendredi 9 octobre 2015

Sangue del mio sangue (Marco Bellocchio, 2015)

Quel étrange film que ce Sangue del mio sangue dernier film de Marco Bellocchio qui revient cinquante ans après son premier film, Les Poings dans les poches, tourner dans sa ville natale Bobbio, dans l'Emilie-Romagne. Plongée immédiate dans le film d'époque, disons le 17ème siècle dans un couvent. L'obscurité est tout autant dans le couvent, à peine éclairé quand Federico Mai (Piergiorgio Bellocchio) vient bruyamment frapper à la porte cochère, que dans la mentalité des protagonistes. Federico débarque en plein procès pour sorcellerie, la belle Benedetta (Lidiya Liberman) est accusée par l'inquisiteur (Alberto Cracco) d'avoir fait un pacte avec le malin. Le couvent est en fait une prison, au sens propre comme au sens figuré.

Benedetta est une nonne accusée d'avoir couché avec le moine Fabrizio, frère de Federico. Pour la faire avouer, l'inquisiteur lui fait subir les épreuves de l'eau ou du feu, pures aberrations religieuses montrées dans leur jus, avec les visages sérieux et pénétrés des religieux, certains d'accomplir une mission divine. Le moine blond qui annonce les tortures avec un calme certain est hallucinant. Le cinéaste, film après film, continue de décrire l'absolutisme religieux, en l'occurrence catholique. Tout le monde est filmé comme une bande de fous, sauf Benedetta qui ne répondra jamais à ces questions insensées. Le film aurait pu virer au film d'horreur teinté d'érotisme, il se glisse plutôt volontiers vers un fantastique feutré.

Folie de l'époque donc. Federico a toujours le glaive à la main prêt à dégainer. Impulsif et fougueux, il tombe lui aussi follement amoureux de Benedetta dès qu'il revêt l'habit de moine. Il est accueilli par deux sœurs vieilles filles aux longs cheveux roux à qui il va faire découvrir les plaisirs charnels. Une étrange figure sombre apparaît dans la rivière qui coule dans Bobbio avant de disparaître dans le torrent avec comme fond sonore une chanson de Metallica chantée par un chœur d'enfants. On ne sait jamais où Marco Bellocchio va emmener le spectateur, la deuxième partie reprend les mêmes acteurs mais à notre époque avec un patriarche mystérieux (Roberto Herlitzka). Je laisse aux aventureux des salles obscures le soin de découvrir Sangue del mio sangue.

1 commentaire:

Jacques Boudinot a dit…

On suit avec un plaisir certain ce curieux film de vampire et de
sorcière, réalisé avec peu de moyens que compense
parfaitement la maîtrise de Bellochio.
Et l'on peut entendre son propos, plutôt modeste,
avec un pointe de curiosité :
si Billio est le monde, alors l'état de celui-ci est encore et
toujours une histoire de domination, celle des hommes sur
les femmes, où le désir inavoué des uns ne débouche que sur
la veulerie, la cruauté et la concupiscence à l'encontre
des autres.
Étonnant, non ?