mardi 20 octobre 2015

Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985)


Comme beaucoup de petits Français, j'ai découvert le cinéma américain de grand divertissement en version française, c'est à dire les Indiana Jones, les Gremlins, SOS Fantômes, Le Flic de Beverly Hills, 48 heures, L'Arme fatale et bien entendu les Retour vers le futur. Toutes ces franchises, je les ai d'abord vues causer français, j'ai entendu Doc dire « Nom de Zeus », terme que nous sortions chaque fois que nous le pouvions, Marty se faisait appeler Pierre Cardin parce que c'était marqué sur ses sous-vêtements. Je ne pas fétichiste au point de regarder à nouveau les Retour vers le futur en VF. Le Doc crie « Great Scott » en VO, sans même que les sous-titres du DVD Universal ne prenne la peine de traduire « Nom de Zeus », Pierre Cardin s'est redevenu Calvin Klein. Il faut dire que la marque était inconnue chez nous en 1985. C'était aussi le début du placement, encore léger, de produits. Outre Calvin Klein, prononcé des dizaines de fois, on a droit à Nike, Converse, Pepsi, JVC (le caméscope) et Aïwa (le walkman).

Marty McFly (Michael J. Fox) est un lycéen moderne et qui va de l'avant. Sa famille est un peu minable, donc il n'a pas vraiment de modèle. Son grand frère et sa grande sœur font des boulots de ratés, son oncle s'est vu refuser sa libération sur parole. Sa mère Lorraine (Lea Thompson) boit dès le matin et s'engueule avec son père George (Crispin Glover), cadre peu dynamique qui passe son temps à regarder les séries de sa jeunesse envolée et à se faire exploiter par son nemesis Biff Tannen (Thomas F. Wilson) qui s'avère être son chef au boulot, chef qui abuse de son pouvoir. Pour échapper à cet environnement peu enviable, Marty veut devenir star du rock. A cet effet, son ami Emmett Brown (Christopher lloyd), le Doc en question plus haut, a installé dans son atelier une enceinte énorme pour qu'il puisse tranquillement jouer à la guitare. Ce matin du 26 octobre 1985, Marty constate que Doc n'est pas là depuis plusieurs jours. Le téléphone sonne, le savant fou donne rendez-vous à l'ado à 1 heure 15 du matin.

Jusqu'à présent, Robert Zemeckis et son scénariste Bob Gale avaient montré quelques éléments a priori anodins et qui vont prendre une importance plus tard. L'élection du maire, le lotissement Lyon Estate, le skateboard et bien entendu cette pétition pour restaurer l'horloge du clocher et aussi Ronald Reagan. Le film commence rapidement à s'emballer. Un test de voyage dans le temps d'une minute pour le chien Einstein, des terroristes libyens qui viennent régler leur compte à Doc et voilà Marty qui se retrouve le 5 novembre 1955 dans sa ville de Hill Valley. Avec la DeLorean et son costume, on le prend pour un envahisseur de l'espace intersidéral. Jusqu'à présent Marty McFly allait de l'avant, désormais dans le passé, il recule littéralement. Michael J. Fox observe cette ville en marchant à l'envers, stupéfait par ce qu'il découvre : que rien n'a changé mais que tout est différent. Il rencontre son père jeune, toujours la victime de Biff, avant la rencontre avec sa mère. Il rencontre cette dernière dans les trois films de manière similaire, croyant chaque fois sortir d'un cauchemar.

Retour vers le futur est un amusant film de science-fiction habilement construit avec ce suspense qui consiste à craindre une faille dans le continuum espace-temps (hyper scientifique, n'est-ce pas ?). Marty vérifie régulièrement si son frère et sa sœur disparaissent de la photo, signe que son père et sa mère ne se rencontrent jamais lors du bal. Si le film fonctionne aussi bien, c'est que Robert Zemeckis ancre son récit dans un genre fécond dans les années 1980 : le teen-movie avec ses archétypes auxquels le cinéaste ne déroge pas. Les codes sont tous là. Si on ne savait pas dès le départ qu'on est dans un film se SF, on pourrait croire que Retour vers le futur est une version bâclée d'un film de John Hughes. Que ce soit en 1985 comme en 1955, les rapports entre les élèves forts (Biff et ses potes) et les faibles (George tout seul) pour avoir le cœur de la belle sont au centre du récit. Le point d'orgue étant le bal tant attendu où tout doit se résoudre.














 


Aucun commentaire: