samedi 3 octobre 2015

Maryland (Alice Winocour, 2015)

Comme Augustine, le premier film d'Alice Winocour, Maryland est un titre en un seul mot. Il ne s'agit pas de l'état américain, mais du nom de l'immense maison d'Antibes où vit Jessie (Diane Kruger), épouse d'un homme d'affaires libanais et mère de leur fils Ali. La visite de cette propriété au très grand jardin est faite par Vincent (Matthias Schoenaerts), soldat entre deux missions qui est embauché avec quelques uns de ses collègues pour faire les vigiles un soir où de nombreuses personnalités doivent venir à une fête organisée par le mari de Jessie. Vincent se rend dans toutes les pièces, traverse tous les couloirs et observe grâce à de nombreuses caméras de surveillance tout ce petit monde qui s'agite. La cinéaste a comme objectif de faire de Maryland un personnage à part entière du film, voire son personnage principal, comme le titre du film l'indique bien.

Avant de se lancer dans le vif du sujet, Maryland fait un détour par le réel du travail, comme dans de nombreux films français du moment (Grand central, Les Combattants). Vincent s’entraîne au ralenti, il subit une visite médicale, il rencontre d'autres soldats blessés comme lui. Vincent souffre de quelques troubles (c'est important pour la suite du film) et tente de les dissimuler. La cinéaste a une fascination pour son acteur qu'elle filme de long en large, de dos avec sa carrure impressionnante ou en gros plans sur son visage. Elle insiste sur son regard qui fusille chaque personnage. Là commencent les problèmes du film. Alice Winocour ne lésine pas sur les effets sonores pour créer son ambiance, une ambiance lourde à grands coups de musique lancinante, une sorte de techno lo-fi, de bruits hors-champ et de distorsions sonores qui montrent un dérèglement chez Vincent.

Le vif du sujet est un thriller où la maison devient le lieu de tous les dangers. Pour justifier l'assaut par des hommes cagoulés de la propriété, la cinéaste propose un sombre histoire de corruption que Vincent résout en deux minutes avec un clic sur son smartphone et la lecture de trois relevés de banque. Autant dire qu'Alice Winocour ne s'est pas foulé. Elle est plus inspirée pour l'attaque nocturne. On pense plus au Panic room de David Fincher plus qu'au Assaut de John Carpenter. La cinéaste se révèle très inspirée pour les scènes d'action, coups de feu et bastons entre Vincent et les assaillants. C'est tellement rare dans le cinéma français, qu'il faut s'en réjouir. Le film est alourdi par la description des rapports entre Jessie et Vincent qui la regarde comme un objet du désir, comme le médecin qu'incarnait Vincent Lindon scrutait Augustine. La tension érotique est aussi mal abordée que le motif géopolitique. Le film est plus physique que mental, c'est pour cela qu'il s'appelle Maryland et pas Vincent.

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