jeudi 29 octobre 2015

Lolo (Julie Delpy, 2015)

Le générique de Lolo rappelle de vieux souvenirs : ces petites séquences animées des films de Claude Zidi ou de Pierre Richard, bref une plongée dans les années 1970 de deux minutes avant de revenir à 2015, à Biarritz où deux copines parisiennes font une thalasso. Les deux filles, Karin Viard et Julie Delpy (accompagnées d'Elise Larnicol qu'on ne reverra plus) parle de leur absence de sexualité. Le ton est cru comme il faut, dans un mélange de vulgarité et de snobisme qui donne une bonne dose d'humour. Ainsi quand deux pécheurs du coin arrivent, dont Danny Boon, les deux filles acceptent bien de faire un coup de sexe hygiénique mais pas plus. Comme on a bien vu cette affiche en quatre quarts, on a compris que Danny Boon, ingénieur informatique, va tomber amoureux de Julie Delpy. Et vice-versa.

Julie Delpy, ici dans une triple position d'actrice-scénariste-réalisatrice, parvient à faire passer cette opposition entre la super parisienne bobo jusqu'au bout des ongles et le provincial monté à Paris pour le boulot. Son personnage travaille dans la mode, lui fabrique des logiciels pour les banques. Il habite à Beaugrenelle, elle dans les beaux quartiers. Le comique fonctionne car elle parvient à se moquer, toujours gentiment, des deux univers qui s'emboutissent. Effectivement, voir Dany Boon raide comme un piquet dans un défilé de mode en train de faire un selfie avec Karl Lagerfeld vaut le repas à la cantine du quartier de la Défense que partagent Danny Boon avec Julie Delpy. L'incongruité se déploie pour les deux personnages avec un certain sens du réalisme, un tantinet exagéré pour créer de l'humour. C'était ce qui manquait aux derniers films de Dany Boon pour vraiment faire rire.

Cette merveilleuse symbiose pourrait continuer tranquillement si le fils de Julie Delpy, l'affreux Lolo, incarné donc par Vincent Lacoste, faisait tout pour saboter cette idylle. Avec son petit sourire de faux-cul, son air de bobo chemise ouverte sur ses trois poils et son boxer orange dans le salon, l'adulescent ne veut pas voir de ce futur beau-père plouc. C'est là que le concept du comique des années 1970 qui fait mouche : Lolo va pirater le couple. Julie Delpy le filme tel quel, comme un personnage secondaire qui veut devenir le metteur en scène. On croit qu'il ne fait que de mignonnes crasses à Dany Boon, mais tout devient subitement violent et malsain, tout comme l'était la relation des personnages dans tous les films précédents de Julie Delpy. La cinéaste ne négocie pas tout à fin bien la fin de son film, expédiant le finale et la révélation, mais les dialogues sont tellement savoureux qu'on lui pardonne facilement.

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