lundi 12 octobre 2015

Kill your darlings (John Krokidas, 2013)

Le mois dernier, Dane DeHaan interprétait James Dean dans Life d'Anton Corbijn. Quelques mois plus tôt, il incarnait dans Kill your darlings (Tuer vos idoles), Lucien Carr, l'un des fondateurs de la Beat Generation. Le film qui sort directement en vidéo, sans passage par la salle de cinéma, évoque la rencontre littéraire entre Lucien et Allen Grinberg (Daniel Radcliffe) sur fond de rivalité amoureuse. En 1943, Allen et Lucien sont deux étudiants à l'Université de Columbia où les professeurs s'entêtent à leur apprendre la littérature académique. Visite de la librairie où Lucien monte sur la table pour lire du Henry Miller, auteur interdit au public et dont les livres sont en accès restreint. Cours de poésie avec un professeur qui enseigne qu'un poème ne doit pas sortir du carcan « Et Walt Whitman ? », demande Ginsberg, un dégénéré répond l'enseignant.

Il faut changer tout ça, sortir du carcan pensent Allen et Lucien. Inspirés pas Yates et suivis par Jack Kerouac (Jack Huston) et William S. Burroughs (Ben Foster), les deux garçons vont tout remettre en cause. Lucien fait boire son premier verre de vin à Allen qui tombe immédiatement amoureux, le dévorant des yeux avec fièvre à chacun de leur rencontres. (Il faudra un jour se demander pourquoi les jeunes acteurs passer par des grosses franchises se sentent obligés de jouer un homo, Robert Pattinson a fait ce pas avec Little ashes, romance entre Salvador Dali et Federico Garcia Lorca). Vin, drogue, jazz, insomnie, tout est bon pour se lancer dans l'écriture. Tout serait parfait s'il n'y avait pas cet homme gênant qu'est David Kammerer (Michael C. Hall), prof de littérature qui écrit les compositions de Lucien en échange de rapports sexuels.

Comme souvent dans ces films en costumes à faible budget, la représentation de l'époque se résume à quelques lieux, surtout des intérieurs, appartement ou l'université. L'activité littéraire est montrée dans ces fameuses séquences d'évolution des personnages en montage alterné sur une musique entraînante, ce que dans le jargon on appelle le montage « Pretty woman ». Les acteurs sont un peu laissés à eux-mêmes, DeHaan et Michael C. Hall dans l'emphase, Ben Foster très sobre et énigmatique (il m'a donné envie de me replonger dans Le Festin nu de David Cronenberg, jamais revu depuis sa sortie). Le meurtre de Kammerer par Lucien est au cœur du récit, que tout le monde a vécu différemment. Chaque personnage raconte sa vérité, au spectateur de créer sa propre histoire à partir des bribes de récit, exactement comme le faisaient Lucien et Allen dans leur chambre en découpant des pages de roman.

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