mardi 27 octobre 2015

Brancaleone s'en va-t'aux croisades (Mario Monicelli, 1970)

 
Encore plus borné, plus bigot et plus calamiteux que dans L'Armée Brancaleone, le chevalier Brancaleone de Norcie veut aller à Jérusalem sauver la Chrétienté dans Brancaleone s'en va-t'aux croisades. On admirera le titre français, pour une fois plus amusant et plus direct que le titre italien. Il affirme bien l'idée du caprice strictement puéril du personnage principal qu'incarne un deuxième fois Vittorio Gassman. Bigot, borné et calamiteux, il l'est tout autant que cette équipe de pèlerins qui embarque, croix à la main et foi débordante, sur un navire. Ils croient accoster en Palestine après avoir traversé la Méditerranée, ils n'avaient pourtant que ramé quelques minutes. Ils ont en fait traversé un lac et un gardien de chèvres, éberlué, les prend pour des fous. Bigot, borné et calamiteux, il l'est tout autant que cet évêque qui l'accuse d'hérésie, lui et les autres pèlerins qui vont se retrouver occis au sabre par l'armée du prélat.

L'armée constituée dans le premier film n'est plus la même, Brancaleone retrouve sur les lieux du massacre, auquel il a échappé, quatre nouveaux compagnons. Un lettré, un aveugle, un estropié et un paysan. Le groupe s'étoffera au fil du récit. Un soldat teuton qui avait pour mission de tuer le bébé d'un roi chrétien est le premier à se joindre au groupe. Suivront un damné qui se punit pour un péché mortel que l'on ne connaîtra jamais, une sorcière aux cheveux courts qui est près d'être brûlée par les notables d'une ville du coin, un nain habillé de rouge qui accuse la sorcière de lui avoir jeté un sort et enfin, un lépreux couvert d'un linceul. Et le bébé, symbole d'une nouvelle ère au milieu de tous ces morts, est aussi du voyage. Les membres de cette armée passent leur temps à se chamailler et à faire preuve devant chaque obstacles de lâcheté. Ce sera à qui sera le premier à s'enfuir en premier et à trahir l'autre pour sauver sa peau. Les personnages sont pathétiquement comiques et attachants, même si leur foi est largement compatible avec la bêtise et l'ignorance.

Les deux Brancaleone se ressemblent beaucoup, toujours dans une forme en épisode, qui cette fois sont clairement titrés et chapitrés. Le chevalier et son armée rencontrent de nombreux personnages, à commencer par la Mort qui vient l'affronter avec sa faux, la sorcière discute avec les cadavres d'un arbre des pendus. Le film pointe une période troublée, plus noire, plus macabre même si Brancaleone affirme qu'on n'est plus en l'an mil, qu'on est en période moderne. Cette ironie, Mario Monicelli la prolonge avec cet affrontement entre deux Papes, Grégoire et Clément, ce dernier ayant déposé l'autre, chacun se traitant d'antipape qu'un ermite, perché sur une colonne tel le Simon du Désert de Bunuel, doit départager. Paradoxalement, le film est très coloré, les tuniques sont aussi bariolées que les personnages sont hauts en couleurs. Les aventures se poursuivent en Terre Sainte où un roi de pacotille se bat, par procuration, contre le prince musulman. En deux heures, le cinéaste déploie sa critique de la bigoterie. Pas grand chose n'a changé en mille ans.















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