dimanche 13 septembre 2015

This is Spinal Tap (Rob Reiner, 1983)



This is Spinal Tap est l’étalon du faux documentaire. Moins loufoque que The Rutles sur un groupe qui ressemblerait à The Beatles mais vivrait dans une autre dimension, moins roublard que Borat. Le genre pourrait aussi inclure tous ces films de found footage qui ne sortent que rarement du film d’horreur. La tournée américaine du groupe anglais de heavy metal Spinal Tap est au cœur du film. Le film est lancé par le vrai faux réalisateur du film, Marty DiBergi (Rob Reiner lui-même), qui explique que le groupe est né en 1964, qu’il a surfé sur la vague du rock pour gamines, changeant de style au fil des époques pour arriver au heavy metal avec son cortège de tenues exubérantes et ridicules.

Le film propose trois sortes de moments. Les entretiens que DiBergi mènent auprès des cinq membres du groupe, ils racontent leur passé commun, leur ambition, leur passion pour la musique. Les deux guitaristes, David et Nigel (Michael McKean et Christopher Guest par ailleurs scénaristes du film), se connaissent depuis l’enfance, ils sont complémentaires, ils écrivent les chansons ensemble, comme Lennon et McCartney. Le premier chante, le deuxième fait des solos mémorables, notamment avec deux guitares et un violon. On comprend assez vite qu’ils ne sont pas très malins, voire très bas de plafond. Les autres ne valent guère mieux.

Puisque le groupe fait une tournée, logiquement ils sont sur scène pour chanter. Les chansons sont filmées dans leur intégralité. Les paroles sont un mélange de sexisme puéril (toutes les femmes vont tomber amoureuses) et de mégalomanie (ils se voient comme des dieux de la musique). Sur scène, ils sont à fond dans leurs rôles de metalleux, maquillage outrancier, cheveux longs qu’ils agitent, visages grimaçants. Le comique naît de cette manière de filmer au premier degré des personnages qui jouent au premier degré. L’ironie bienveillante devant un spectacle aussi immature et ringard n’en devient que plus évidente.

Enfin, ce sont les coulisses de la tournée que Rob Reiner filme. La tournée est foireuse. Leur manager, qui les suit depuis des années, est incompétent. Les dates s’annulent les unes après les autres, les séances de dédicaces sont vides. L’ombre des Beatles plane sur le récit : une pochette toute noire parce que les Fab Four avaient fait l’album blanc, mais surtout la venue impromptue sur la tournée de Jeannine, la copine du chanteur, pastiche hilarant de Yoko Ono. Elle veut prendre la carrière de son copain en main. C’est surtout Nigel, le vieux pote de David, qu’elle entend évincer, elle veut détruire le couple que David formait avec son lead guitar.

La tournée est une catastrophe et les nouvelles solutions qu’apporte Jeannine vont encore plus plonger le groupe dans la débâcle. Férue d’astrologie, elle propose de faire des costumes qui reprendront leur signe du zodiaque. Elle trouve de nouvelles dates pour un public peu réceptif au hard rock menant à la rupture entre David et Nigel. Dernier détail, quelques caméos amusants, Fran Drescher (d’Une nounou d’enfer) en attachée de presse, Patrick McNee (John Steed), Billy Chrystal en mime et Anjelica Huston en décoratrice. Constamment crédible et férocement drôle, This is Spinal Tap est un chef d’œuvre qui n’a pas pris une ride.













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