mercredi 23 septembre 2015

Premiers crus (Jérôme Le Maire, 2015)

Gérard Lanvin est devenu le « Monsieur Bourru » du cinéma français. Après Bon rétablissement et son personnage d'hospitalisé bourru qui ne voulait pas recevoir de visiteurs, voici Premiers crus et son personnage de vigneron bourru qui ne veut plus cultiver son raisin. Dans le cinéma français, qui dit bourru, dit homme au grand cœur. L'un va rarement sans l'autre, c'est un leçon que donnait Jean Gabin dans ses derniers films et que Gérard Lanvin prend au pied de la lettre. Voilà son ambition, devenir le nouveau Jean Gabin.

Pour montrer que son personnage a un grand cœur, il faut d'abord exposer tous les malheurs qui tombent sur ce pauvre homme. Quitté par sa femme cinq ans plus tôt, il a perdu le goût de travailler sa vigne qui produisait des grands crus depuis des générations. Son vin est devenu une piquette. Conséquence, les ventes ont chuté et la faillite est proche. Le banquier menace de saisir la propriété de Bourgogne. Pire, Edith sa voisine et son adversaire propose de racheter. Furieux, il va s'expliquer vertement avec elle.

Parlons maintenant de la famille. La fille (Laura Smet) est devenue restauratrice. Elle a épousé Marco (Lannick Gautry) que Lanvin a embauché malgré son absence de qualifications (pas étonnant que tout périclite). Et le fils Charlie (Jalil Lespert) devenu un œnologue ultra réputé qui a créé un guide du vins (le Maréchal car tel est leur nom de famille). Pendant la tournée promo de son guide, il apprend au détour d'une conversation que son père a fait faillite. Il ne veut pas reprendre l'exploitation, mais on sait déjà qu'il le fera (et on devine vite fait qu'il réussira).

Un fils de vigneron ne peut que devenir vigneron. Son appartement dans le Marais (?) compte bien moins que la tradition familiale. Il rechigne à reprendre le flambeau et le caractère bourru de son paternel ne l'encourage pas. Au contraire, les critiques fusent sur les méthodes ancestrales que Charlie emploie. Les longs plans qui survolent les ceps en automne avec leurs feuilles orangées sur l’assourdissante musique de Jean-Claude Petit, c'est beau comme une pub Ricoré. On n'a pas le droit de ne pas être ému devant ce spectacle bucolique. Qu'on se rassure, Charlie deviendra bourru comme son papa.

Les disputes père-fils ne sont presque rien comparées à l'autre enjeu du film : Charlie tombe amoureux de Blanche (Alice Taglioni), la fille d'Edith. Pas de chance, elle doit se marier avec un Américain partisan des méthodes industrielles. Non, mais sérieux, ils y connaissent quoi les Américains en vin ? Ils le boivent comme du Coca, dit en substance la maman de Blanche. Va-t-il réussir à faire du bon vin et également vivre avec la femme qu'il aime ? Gros suspense. Ceux qui s'attendent à voir une fiction de Mondovino, l'excellent documentaire de Jonathan Nossiter vont se retrouver devant une bluette bouchonnée.

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