jeudi 24 septembre 2015

Boomerang (François Favrat, 2015)

Dans une bande dessinée de mon enfance, un personnage perdait la mémoire après avoir reçu un coup sur la tête et la retrouvait après avoir été frappé de la même manière. Rien ne le guérissait, ni la médecine traditionnelle, ni le passage chez un psychologue. Boomerang n'est pas franchement sur le même ton que Le Combat des chefs d'Uderzo et Gosciny, mais l'idée est là. Quand Antoine (Laurent Lafitte) et Agathe (Mélanie Laurent) ont un accident de voiture sur la route qui les mène à Noirmoutier, les souvenirs enfouis depuis trente ans commencent à resurgir. De quoi se rappeler ? De leur mère morte noyée trente ans plus tôt, traumatisme initial, quand Antoine avait dix ans et sa sœur cinq ans.

Lors d'une visite dans la vieille demeure familiale, vendue depuis, Antoine capte un indice donné par Bernadette, la bonne qui les servait jadis. Non, le corps sa mère n'a pas été retrouvée sur la plage devant la maison mais dix kilomètres plus loin. Comment a-t-elle pu arriver là-bas ? Boomerang se lance dans une enquête pour Antoine qui veut comprendre ce qui s'est passé alors. Comme on lui dit (et sa sœur la première), il se fait des films. La rencontre avec Angèle (Audrey Dana), médecin légiste à l'hôpital, va le pousser un peu plus loin à la fois dans ses investigations hasardeuses et ses souvenirs douloureux. Il se rappelle avoir assisté à l'identification du corps de sa mère, caché dans la morgue.

Tout aurait pu se passer tranquillement mais la famille d'Antoine voit d'un très mauvais œil l'enquête qu'il mène. Le père (Waldimir Yordanoff) le traite comme s'il avait encore dix ans (belle scène de dispute le soir de Noël), la grand-mère (Bulle Ogier) au charme discret conseille fermement à Bernadette de ne pas raconter quoi que ce soit à Antoine, la sœur estime que son frère devient fou. Le poids de la bourgeoisie provinciale est joliment croqué. Rien ne doit transparaître, rien ne doit faire craquer le vernis que la famille s'acharne depuis si longtemps à faire reluire. On pense évidemment à certains films de Claude Chabrol dans cette analyse de la famille. Antoine va faire exploser tout ça quand il comprend le secret qui dort depuis trente ans.

Là où le film se fait moins percutant, c'est lors des flash-backs. On y découvre ce qu'il s'est passé, ce qui s'est tramé et quel est ce secret. Secret que je me garderai bien de dévoiler. Il suffit d'un objet, d'une photo, d'un lieu pour qu'un souvenir remonte à la surface d'Antoine ou d'Agathe. Mais tout cela s'avère extrêmement explicatif et manque parfois de subtilité. En revanche, puisqu'elles sont souvent décriées, Audrey Dana et Mélanie Laurent sont parfaites dans leur personnage respectif, le trio qu'elles forment avec Laurent Lafitte fonctionne parfaitement (le cœur et la raison). Et puis, le plaisir de retrouver Bulle Ogier, avec sa voix nonchalante et son regard perçant, reste intact.

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