lundi 14 septembre 2015

Around the world with Orson Welles (Orson Welles, 1955)


 
En 1955, Orson Welles accepte de tourner une série de courts documentaires (26 minutes chacun) titrée Around the world with Orson Welles. Le cinéaste, qui sortait difficilement de la production de Mr. Arkadin, a sans doute trouvé là le moyen de débusquer des financements pour son projet d'adapter Don Quichotte, tandis que la nouvelle chaîne britannique qui produisait avait un réalisateur prestigieux pour lancer ses programmes. Les six documentaires qui se trouvent sur le premier DVD édité par Carlotta ne se déroulent pas partout dans le monde mais uniquement en Europe. Les deux premiers sont consacrés au Pays Basque (Pays Basque, La Pelote basque), à Vienne (Revisiting Vienna), à Paris (Saint-Germain-des-Près), à Londres (London) et à Madrid (Spain). Le deuxième DVD comprend un documentaire de Christophe Cognet sur l'épisode de Welles consacré à l'affaire Dominici, filmé peu après le procès du paysan des Basses-Alpes (l'ancien nom des Alpes de Haute Provence). Dans chaque épisode, Orson Welles apparaît dans son beau costume noir avec un nœud papillon et un chapeau, souvent avec une petite caméra portable.

Dans Pays Basque, il s'intéresse d'abord aux coutumes locales (la pêche aux pigeons, à la langue, à la frontière qui sépare les deux régions) avant d'interviewer un berger qui a vécu des années au Colorado puis une Américaine installée là. On apprend que les USA avait fait venir de nombreux basques car ce sont d'excellents bergers. Dans La Pelote basque, il s'intéresse à ce sport local symbole de leur particularisme, un ado de 11 ans lui apprend les règles du jeu. Dans Revisiting Vienna, après avoir célébré les lieux de tournage du Troisième homme, il va dans la boulangerie Demel où il cause des différentes pâtisseries qui sont, selon lui, les meilleures du monde. Dans Saint-Germain-des-Près, il interviewe un excentrique artiste américain puis filme quelques vedettes (Jean Cocteau, Eddie Constantine, Juliette Gréco), mais sans les interviewer. Dans London, il rencontre cinq veuves puis trois soldats à la retraite qui parlent de leur retraite. Enfin dans Spain, il filme une corrida, d'abord ses coulisses puis son action, tout en commentant, en expert, les règles.

La série s'avère relativement décevante tant les questions que pose le cinéaste aux gens qu'ils rencontrent sont insipides. Il est toujours d'accord avec ses interlocuteurs, les flatte parfois et n'approfondit jamais le sujet, sauf pour la pelote basque et les pâtisseries. Quand les personnes ont des choses à dire (les soldats de Londres), il les laisse parler sans intervenir à l'image, mais parfois, notamment au Pays Basque, il recrée les entretiens. En champ, on voit les gens s'exprimer dans des courtes phrases puis en contrechamp, Orson Welles commenter puis poser une autre question à laquelle la réponse sera toujours aussi brève. Ces contrechamps semblent tous avoir été recréés ultérieurement (le son, le cadre et la lumière différents en attestent). Welles et son équipe devaient filmer avec une seule caméra pour plus de facilité. Cela donne parfois une impression de fausseté un peu gênante. Cependant, il est intéressant de voir que Welles s'intéressait à des personnes en marge, comme lui-même l'a souvent était. On est loin, à part pour Vienne et Paris, des clichés touristiques.







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