samedi 15 août 2015

Mission Impossible (Brian De Palma, 1996)

Dans les années 1990, Hollywood décide d'adapter quelques séries télé au cinéma, La Famille Addams, Le Saint, Wild Wild West, Chapeau melon et bottes de cuir. Aucun film n'a eu la puissance de Mission Impossible vu et corrigé par Brian De Palma. Le film n'a pas pris une ride et demeure un objet esthétique d'une grande force visuelle doublé d'un scénario à la fois très simple et très retords. Montrer d'abord une opération réussie avec les classiques de la série : le masque que Tom Cruise arrache de son visage, les mots de passe secrets pour accéder à la fameuse cassette qui s'autodétruira dans cinq secondes et la préparation d'une nouvelle mission impossible avec les membres de l'équipe.

Contrairement aux autres films cités plus haut, contrairement aux aventures de James Bond, il a été choisi de ne pas faire affronter un savant fou/milliardaire mégalo/général tyrannique à l'équipe de Mission Impossible. Tout cela évite le kitsch des rires sardoniques du super méchant. L'ennemi est intérieur. Pour Ethan Hunt, le personnage de Tom Cruise, il s'agit de tuer symboliquement le père de la série, soit Jim Phelps, incarné à la télé par Peter Graves et ici par John Voigt. Ethan Hunt est au milieu d'une chasse à l'homme (Man hunt). Passer de la télé au cinéma veut aussi dire abandonner le récit linéaire pour y placer des embûches scénaristiques, des faux flash-backs ou des flash-forwards en trompe l’œil. Tout est vrai donc tout est faux et inversement.

L'une des idées géniales de Brian De Palma est de ne pas faire confiance à la technologie. La technologie est ce qui vieillit le plus au cinéma. Le seul gadget d'Ethan Hunt est ce chewing-gum qui sert d'explosif. L'utilisation des ordinateurs, d'Internet, des mails est réduite à leur plus stricte utilité pour ne pas donner un côté trop daté au film. Ainsi pas de masque fabriqué en 3D sur ordi, pas d'affichage électronique sur l'écran, pas de montre extraordinaire. Le film se moque d'ailleurs de tous ces simagrées auxquels le fonctionnaire du siège de la CIA doit procéder pour accéder à la chambre forte mais qu'une diarrhée carabinée va contraindre de quitter les lieux. En revanche, il s'intéresse à la surveillance vidéo (le premier plan du film est d'ailleurs une télé qui surveille une planque), De Palma en fera le sujet de Snake eyes, son film suivant.

Entre la magnifique partie à Prague où l'équipe d'Ethan Hunt est décimée et la course poursuite finale sur l'Eurostar, Brian De Palma filme l'une des séquences les plus réussies non seulement de toute sa carrière mais aussi du cinéma d'action. Cette scène d'apesanteur où Ethan Hunt est suspendu à une corde. Le silence est requis car le moindre son ferait sonner l'alarme (on pense bien sûr à Keir Dullea qui affronte Hal dans 2001 l'odyssée de l'espace), De Palma ne peut donc pas utiliser la musique pour accentuer le suspense. Tout ce joue donc sur l'alternance entre les plans d'ensemble et les gros plans sur Tom Cruise, sur un montage entre l'intérieur de la chambre forte et l'extérieur où Jean Reno, Ving Rhames et Emmanuelle Béart aident Tom Cruise. Souvent imité, jamais égalé.



















Les captures d'écran du DVD de Mission Impossible (édité par Paramount en 2000) sont dans l'ordre du déroulement du film.

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