jeudi 27 août 2015

Les Secrets des autres (Patrick Wang, 2014)

La petite fille s'appelle Biscuit (drôle de prénom). Mutique, elle fait l'école buissonnière pour aller jeter un œuf et brûler une ficelle au bord de la rivière. Paul est le fils, adolescent obèse qui se fait chamailler par ses camarades du lycée. Dès qu'il rentre à la maison, il lève les yeux au ciel mais reste très poli (trop poli) et va se changer dans sa chambre avant d'engloutir des gâteaux. Bienvenue dans la famille Ryrie avec son père John qui bosse dans la cinéma et sa mère Ricky un peu mélancolique. Ils habitent une grande maison dans l'état de New York, loin de la ville mais près de la mer. La famille Ryrie va accueillir un nouveau membre, Jessica, la fille aînée de John, issue d'un amour passée. Elle prétend s'être fait virer par sa mère, elle annonce qu'elle est enceinte de 9 semaines, John et Ricky acceptent qu'elle s'installe chez eux.

The Grief of others (le chagrin des autres) est devenu dans son titre français Les Secrets des autres. Des secrets, il y en a en abondance dans le nouveau film de Patrick Wang. Et du chagrin également. Le titre français est tellement explicite qu'on est à l'affût de chaque indice sur le dysfonctionnement de la famille Ryrie, mais aussi du jeune voisin Gordie et de son énorme chien. On essaie de mettre les pièces du puzzle dans l'ordre pour tout comprendre. Le mieux est d'aller voir le film, comme je l'ai fait, sans savoir de quoi il parle, sans avoir vu une seule image. Et il faut s'armer de patience et combler les trous narratifs. Finalement, c'est de plus en plus rare qu'un cinéaste face confiance au spectateur pour construire ensemble le récit. On y arrive, jusqu'à la scène finale d'une grande émotion.

Ce qui frappe dans Les Secrets des autres, c'est sa grande douceur pour mettre en scène la violence des sentiments des personnages, ce chagrin dû au deuil et aux secrets qui s'en suivent. L'image est simple, comme filmée par un caméscope familial (c'est du super 16mm avec son grain comme à l'époque de la pellicule) au format carré. On ne quitte jamais la famille et le spectateur est immergé au milieu du drame. On imagine les chantages à l'émotion qu'aurait donné un gros film hollywoodien face à ce sujet. Ici, pas même une note de musique pour faire sortir une larme. Il est remarquable de constater que le deuil est un sujet tellement casse-gueule que pratiquement seul le cinéma indépendant l'aborde. Ou le cinéma français comme récemment Valley of love ou Floride.

Aucun commentaire: