vendredi 28 août 2015

Les Dollars des sables (Israel Cárdenas et Laura Amelia Guzmán, 2014)

En janvier, on avait laissé Géraldine Chaplin en vieille alcoolique qui ne parlait que pour demander sa vodka dans Valentin Valentin de Pascal Thomas. On la retrouve dans ce film venu de la République Dominicaine tourné par un duo de cinéastes mexicains Israel Cárdenas et Laura Amelia Guzmán. L'actrice apparaît par bribe pour sa première scène : un bout de peau couverte de rides et de tâches de vieillesse, un dos dénudé, une main maigre qui se balade sur le corps d'une autre femme. Puis, sous l'eau les deux femmes, l'une très jeune, un Dominicaine, l'autre Chaplin, bien âgée, se baignent dans l'océan. Là, on ne voit plus la différence d'âge, de corps vieilli. Ce sera le seul moment où les deux femmes sont égales dans Les Dollars de sables. Puis, enfin, le visage de Chaplin, ses yeux écarquillés d'être en face de cette jeune beauté dont elle est tombée amoureuse.

Pourtant, le film s'ouvre sur une scène bien cruelle. La jeune femme nommée Noéli (Yanet Mojica), est en face d'un homme d'âge mûr, un touriste qui doit partir. Il lui dit qu'il l'aime, elle lui rend la pareille. Il veut lui laisser un souvenir. Elle choisit sa chaîne en or qu'elle va immédiatement vendre avec son vrai petit ami. Noéli n'a pas besoin de vieux amants ou de vieilles maîtresses, elle a besoin d'argent. Et tout le film tournera autour de ça. Son pseudo frère a eu un accident, il faut de l'argent pour l'hôpital. Tout ça arrange Anne, le personnage de Géraldine Chaplin, qui s'assure que Noéli reste auprès dans le même rituel quotidien où elle quitte son rôle de petite femme qui cherche de l'argent, revêt un bikini tout riquiqui et devient l'objet sexuel d'Anne.

Le film montre les rouages de ce marché, de cette consommation de chair fraiche. Anne affirme que ça dure depuis trois ans. Anne vit tranquillement de sa retraite et appelle de temps en temps son fils. Elle veut maintenant inviter son « amoureuse » en France, dans un aveuglement total. Quand elle raconte ça à ses autres amis européens qui habitent aussi en République Dominicaine, c'est tout l'égoïsme du colon installé dans son petit confort qui est mis en avant. Il suffit de pas grand chose pour qu'un élément du rouage se brise et que toute la mécanique se dérègle. Le film ne choisit pas vraiment son camp, comme s'il renvoyait dos à dos les deux femmes. Il se dégage du coup une relative impression de mollesse et d'inachevé.

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